Un goût de Renaissance, mélodies

G.Enesco (1496-1544) : Sept Chansons de Clément Marot - M.Ravel (1875-1937) : Deux Epigrammes de Clément Marot - R.Hahn (1874-1947) : 2 poèmes de Charles d’Orléans - C.Debussy (1862-1918) : Trois chansons de France, 3 Ballades de François Villon - J.Leguerney (1906-1997) : 3 poèmes de Pierre de Ronsard - F.Poulenc (1899-1963) : 5 poèmes de Pierre de Ronsard. Evoquer la méloldie française, c’est faire référence à son âge d’or, de la seconde moitié du XIXe siècle à 1960. Inspirés par l’essor et la multiplicité des courants poétiques de cette période, la plupart des compositeurs y choisissent les poèmes de leurs contemporains, Hugo, Baudelaire, Verlaine, Eluard et bien d’autres. Plus rares sont les rencontres du genre mélodique et d’une tradition poétique française plus ancienne. Reynaldo Hahn en premier, puis Claude Debussy, Maurice Ravel et Georges Enesco, et encore Jacques Leguerney et Francis Poulenc se sont plu à enjamber le temps et à donner vie sonore à quelques chefs d’œuvre lyriques de la fin du Moyen-Age et de la Renaissance. Les poèmes retenus pour les mélodies sont fréquemment dédiés à la Femme, amante, mère ou même simple commère de rue ; elle fut leur inspiratrice à tous, Pierre de Ronsard et Clément Marot, François Villon et Charles d’Orléans, tant le sonnet et l’étrenne ont vocation à chanter la flamme de l’amour jusque dans ses nuances les plus extrêmes : l’amertume, la rancœur, l’ironie, l’attente, la gouaillerie, le jeu gaillard, y sont aussi présents que la tendresse, la courtoisie et l’évocation du bonheur. Ils évoquent également en termes nus et crus l’urgence de vivre sa jeunesse. Sous la forme rimée codifiée et l’étrangeté d’une langue vieille de plusieurs siècles, que le message est direct, que la parole est actuelle ! Nos compositeurs ont pu prendre des partis divers, de la saveur de l’exercice de style à l’audace d’une véritable réappropriation du langage modal de la musique renaissante. Pourtant tous ont en commun cette immédiateté, cette urgence transmise au-delà du temps. Il n’y a pas de place pour la tiédeur. Tout doit être vécu totalement, immédiatement, la vie est brève, le rire joyeux, l’humour impitoyable et follement tendre. Telle est leur musique.